LA TURQUIE : MODERNE ET ANCESTRALE1ÈRE PARTIE : ISTANBUL

Saviez-vous qu’il existe plusieurs pays situés à la fois en Europe et en Asie, mais qu’Istanbul est la seule ville au monde à s’étendre sur ces deux continents ?  Plutôt insolite, non ?  D’autant plus qu’au moment de dresser la liste des pays visités en Asie, il ne vous viendrait probablement pas à l’esprit de mentionner la Turquie.                 Et pourtant, 97 % de son territoire se trouve en Asie, ne laissant que 3 % en Europe, concentrés principalement autour de la région d’Istanbul.

Curiosité piquée ?

Dès l’arrivée à Istanbul, on est instantanément immergé dans une ville vibrante, pleine de charme, de couleurs, de senteurs épicées et de contrastes saisissants. Bien que la Turquie soit une République laïque depuis 1923, 99 % de la population est de confession musulmane, ce qui donne lieu à un mélange fascinant entre modernité et tradition. Il n’est pas rare, par exemple, d’entendre l’appel à la prière résonner depuis les minarets, tandis qu’en arrière-plan, une musique électro s’échappe d’un café branché de la porte voisine.

La ville est traversée par le célèbre détroit du Bosphore, véritable frontière naturelle entre deux continents. À l’ouest, l’Europe ; à l’est, l’Asie. Une croisière sur ses eaux vous permettra de passer d’un monde à l’autre, tout en profitant d’une vue spectaculaire sur les deux rives et sur les monuments emblématiques d’Istanbul. C’est une expérience hautement recommandée, tant le paysage est saisissant.

 

La croisière sur le Bosphore peut se faire de jour comme de soir, avec ou sans repas à bord, selon l’ambiance recherchée.  De plus, il est possible de l’avoir commentée en français.  De la lumière dorée du coucher de soleil aux illuminations nocturnes des palais et mosquées, chaque moment offre une perspective différente et inoubliable sur la ville. 

Ma première recommandation, faire la croisière 😊 ! 

Ma deuxième recommandation, la faire en fin de journée pour avoir le meilleur des deux mondes, c’est-à-dire, partir à la clarté alors que le coucher de soleil se prépare et ainsi revenir devant une Istanbul illuminée de tous ses feux.  Je vous le garantie, vous n’êtes pas prêts de l’oublier.

 

Parmi les monuments emblématiques d’Istanbul, la Mosquée Bleue et la Basilique Sainte-Sophie occupent une place de choix — non seulement par leur proximité géographique, puisqu’elles se font face, mais aussi par la rivalité symbolique qu’elles incarnent, chacune représentant une période charnière de l’histoire religieuse et architecturale de la ville.

La Mosquée Bleue, officiellement appelée Mosquée du Sultan Ahmet, doit son surnom aux 20 000 carreaux de faïence aux motifs floraux, à prédominance bleue, qui ornent son intérieur.  Inondée de lumière grâce à 260 fenêtres, elle se distingue également par ses 6 minarets, un fait exceptionnel à l’époque de sa construction. Cette particularité avait suscité la controverse, car la Mosquée de La Mecque (en Arabie Saoudite) était alors censée être la seule à en posséder autant. Pour rétablir l’équilibre, un 7e minaret à dû être ajouté à La Mecque.

Face à elle, la Basilique Sainte-Sophie (Hagia Sophia), ancienne église byzantine devenue Mosquée, puis musée, et à nouveau Mosquée, impose par sa grandeur et son atmosphère unique. Son immense dôme, suspendu comme par magie, implore le respect.  L’harmonie de ses proportions créent un sentiment de paix difficile à décrire. Si la Mosquée Bleue m’a séduite par sa finesse et sa lumière, la Basilique Sainte-Sophie m’a impressionnée par sa puissance et son aura spirituelle. L’émotion que l’on ressent en y entrant est presque palpable.

 

Vient ensuite le Palais de Topkapi, ancienne résidence des sultans ottomans et centre du pouvoir impérial pendant près de quatre siècles. Ce lieu emblématique, chargé d’histoire, séduit autant par son architecture que par l’atmosphère qu’il dégage.  La magie opère avant même d’entrer : la cour extérieure, vaste et soigneusement aménagée, impressionne autant que les salles somptueuses de l’intérieur, ornées de faïences, mosaïques, dorures et fontaines délicates. Le palais offre également une vue imprenable sur le Bosphore et la Corne d’Or, cet estuaire qui vient se jeter dans le détroit, formant un paysage à couper le souffle.

Un moment particulièrement marquant de ma visite fut l’appel à la prière, entendu alors que je me trouvais dans l’enceinte du palais. Un imam, présent sur place, a récité la prière à voix haute. L’émotion était palpable. Le silence respectueux des visiteurs, l’écho de la voix dans les cours du palais… tout contribuait à créer un moment suspendu, porteur de frissons et de spiritualité.

 

Le Grand Bazar porte bien son nom et j’aurais tellement aimé y passer plus de temps pour m’y perdre dans le dédale de ses 61 ruelles comportant pas moins de 4 000 magasins, dont 1 000 sont des bijouteries.  On y retrouve de tout : poteries ottomanes, pashminas (foulard), des pyramides de loukoums (confiseries traditionnelles) et de thés parfumés. 

Armez-vous de patience puisque vous devrez bien sûr marchander et les vendeurs sont parfois (lire ici…souvent) insistants !  Ça fait partie de l’aventure.  On prend le 1er prix qu’on divise en 4 et on va jusqu’à 3 maximum.  Ex. : le vendeur donne le prix de 1 000 Livres Turques (TRY), on lui offre en retour 250 TRY pour finalement payer au maximum autour de 333 TRY.  Si vous ne le faites pas, vous vous en mordrez les doigts et le portefeuille !

Vous aimez les tapis turcs ? Pourquoi ne pas opter pour leur version miniature ! J’ai trouvé des tapis de souris reprenant les motifs traditionnels : tout aussi charmants, et nettement plus faciles à glisser dans une valise.

 

Le marché des épices est quant à lui beaucoup plus authentique et moins touristique que le Grand Bazar.  Si ce dernier impressionne par sa taille, celui-ci m’a conquis par les odeurs, les couleurs, les pyramides de fruits secs, de dattes, de safran, de curcuma, cannelle, cardamome, piment, etc.  L’endroit par excellence pour y découvrir des produits typiquement locaux comme les savons artisanaux et huiles essentielles, les miels et les confitures maison (imaginez l’odeur). 

Anecdote : Lors de notre tour de ville, nous avions à peine effleuré ce marché fascinant, et j’ai eu envie d’y retourner seule lors d’une soirée libre. Après avoir arpenté les rues pendant des heures, je me suis retrouvée complètement désorientée. J’ai alors tendu la carte de mon hôtel à un chauffeur de taxi en lui demandant de m’y reconduire. Il m’a regardée, un brin surpris, et m’a demandé : « Are you sure? » (Vous êtes certaine ?)  Un peu confuse, j’ai répondu "oui", sans trop comprendre sa réaction. Ce n’est qu’une minute plus tard que j’ai compris : mon hôtel était littéralement au coin de la rue. La course de taxi la plus courte – et probablement la plus amusante – de ma vie ! Le lendemain matin, mes clients ont bien ri autour du petit-déjeuner en écoutant le récit de ma « grande aventure ».

 

Le Pont Galata est aussi un endroit d’Istanbul auquel on doit s’attarder.  Célèbre pour ses dizaines de pêcheurs sur le pont supérieur où circulent des milliers d’automobiles par jour.  Le pont inférieur est quant à lui piétonnier en entier et propose une succession de terrasses donnant la vue sur la Corne d’or d’un côté et le Bosphore de l’autre !

Ma suggestion : Boire un thé à la pomme tout en appréciant la vue ou bien un repas complet dépendamment du temps dont vous disposez.  Impossible d’évoquer la culture turque sans mentionner le thé à la pomme, l’une des boissons les plus emblématiques du pays.  Ou encore un café turc clairement distinctif par son goût intense et amer avec la présence au fond de la tasse du dépôt de café qui n’a pas été filtré par exprès pour en conserver toutes les arômes.  Peut-être préférez-vous une boisson alcoolisée ?  Alors vous y trouverez la bière locale Éfes ou bien un verre de Raki, boisson de couleur blanchâtre à saveur d’anis.  Mais attention, le taux d’alcool du Raki varie entre 40 et 50 % selon la marque !!!

 

La Tour de Galata, que vous voyez de partout lorsque vous découvrez Istanbul,  vaut son pesant d’or.  Son nom original, la Tour du Christ, reflète son importance dans la sauvegarde du quartier de Galata et comme point d'observation contre les menaces potentielles. L'architecture est impressionnante et le musée qu'elle abrite offre un aperçu fascinant de l'histoire de la région.  

Ma suggestion : Profiter d’un souper-spectacle en haut de la tour.  Ne manquez pas de monter sur la plateforme d'observation pour une vue panoramique à couper le souffle, surtout au coucher du soleil.

 

L’avenue Istiklal est sans doute la rue piétonne la plus emblématique d’Istanbul. Vibrante, animée à toute heure du jour et de la nuit, elle est le cœur battant de la rive européenne de la ville. Reliant la place Taksim à la Tour de Galata, elle s’étire sur 1,8 kilomètre et accueille environ 500 000 visiteurs chaque jour, chiffre qui donne une idée de son effervescence.

C’est l’endroit idéal pour faire du shopping, boire un verre ou s’attabler sur l’une de ses innombrables terrasses, souvent perchées sur les toits avec vue sur la ville. Ce qui rend Istiklal si unique, c’est sa capacité à marier modernité et héritage historique. Les boutiques contemporaines et les grandes marques internationales cohabitent avec les arcades anciennes en fer forgé, les passages légendaires (on en compte 116 répertoriés) et les bâtiments à l’architecture byzantine, néoclassique ou art déco.

Ma suggestion : Si vous avez la chance d’apercevoir le petit tramway rouge historique qui traverse l’avenue d’un bout à l’autre, n’hésitez pas à monter à bord. Ce symbole d’Istanbul vous offrira une pause charmante au cœur de cette artère trépidante.

 

À Istanbul, chaque coin de rue révèle une facette différente, une émotion nouvelle à vivre. C’est une ville de paradoxes fascinants, où l’appel à la prière se mêle aux bruits de la vie urbaine, où les palais ottomans côtoient les terrasses animées et modernes. Impossible de rester indifférent à cette énergie unique..

Initialement, cet article devait porter sur la Turquie dans son ensemble. Mais Istanbul est si riche, si vibrante, qu’elle méritait à elle seule un article entier.

Si ces lignes vous ont permis de percevoir la magie et le charme d’Istanbul, alors le pari est réussi. Et le voyage ne fait que commencer : le reste du pays ne manquera pas de vous émerveiller.  Rendez-vous dans le prochain article pour découvrir une autre facette de cette terre aux mille visages. 

-Claudia Tourigny
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